Deux auteures, deux perspectives, un thème commun: accepter ses forces et ses faiblesses.
La ligne de crête entre la confiance en soi et le doute est un voyage que beaucoup d'entre nous traversent, mais peu osent en parler.
Silvia et Martina ont parcouru ce chemin et partagent leurs expériences.
Il y a peu, j’ai dû demander de l’aide et j’ai réalisé à quel point c’était difficile pour moi de parler de ma crise émotionnelle. Car cette fois-là, je n’ai pas réussi à afficher mon plus beau sourire, à serrer les dents et à continuer d’être Silvia la forte. Au contraire, je me suis effondrée et j’ai sombré dans un puits sans fond parce que j’avais trop longtemps fait comme si tout allait bien.
Ma façade a commencé à s’effriter le premier jour des vacances d’été. J’avais des choses importantes à faire, car je voulais commencer un nouveau projet. Dans le même temps, ma fille allait entrer au collège et nous devions encore nous occuper de quelques affaires, comme l’abonnement de tram et le matériel scolaire. Mais malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu, car mon popotin m’a douloureusement mis des bâtons dans les roues.
Les premiers jours, j’ai essayé par tous les moyens de garder la tête hors de l’eau et de prendre sur moi, car je n’avais absolument pas le temps de sombrer dans une dépression. Mais après quelques jours, j’ai compris que cette fois-ci, ce ne serait pas si facile de retrouver mon optimisme, et cela m’a fait très peur. Je savais évidemment que certains diagnostics entraînent un sentiment de perte de contrôle, mais j’ai toujours été douée pour laisser rapidement ces phases derrière moi et pour aller de l’avant. Car en tant que mère et/ou femme active, on n’a pas le temps de s’arrêter. Mais cette fois, cela n’a pas fonctionné. Je ne fonctionnais plus. Un sentiment de panique m’a envahie et j’ai donc décidé d’en parler et de me confier à un ami au lieu de faire comme si tout allait bien. Je lui ai parlé de ma situation et de l’intervention prévue, mais je l’ai immédiatement regretté, car il m’a répondu que j’étais «une dure» et qu’il ne s’inquiétait pas pour moi. Cela partait certainement d’un bon sentiment, mais cela n’a fait qu’aggraver mon état émotionnel. Avais-je le droit d’être faible? Le même jour, j’ai reçu un SMS d’une amie et je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule à ressentir cela: «Silvia, je viens d’aller chez le médecin à cause de ma maladie de Crohn parce que je n’arrive plus à supporter la douleur. Il m’a simplement dit qu’en tant que femme, je pouvais supporter bien plus que cela, car la nature l’a prévu ainsi!» Quand elle était rentrée chez elle, elle avait fondu en larmes.
Aujourd’hui, je vais un peu mieux. Par ce texte, je souhaite d’une part, digérer ce que j’ai vécu, et d’autre part, inciter les femmes à dire haut et fort quand elles atteignent leurs limites, qu’il s’agisse de leur santé mentale, physique ou les deux. Nous devons arrêter de faire comme si nous pouvions tout supporter sans sourciller. Nous devons arrêter, car cela peut être dangereux d’ignorer ses limites. Ce n’est pas parce que nous sommes habituées à supporter les changements hormonaux, les crampes abdominales ou les contractions que nous avons par nature moins le droit de dire stop.
Malgré le cliché selon lequel les femmes tolèrent mieux la douleur, nos faiblesses méritent tout autant d’avoir une place dans notre vie que nos forces.
Levez la main si vous connaissez quelqu’un ou si vous êtes vous-même une personne qui associe la confiance en soi à l’arrogance et à la condescendance!
En réalité, la confiance en soi, c’est avoir conscience de qui l’on est et accepter ses forces et ses faiblesses, se respecter et transformer tout cela en assurance. Dans le langage populaire, une «saine confiance en soi» est automatiquement associée à un état d’esprit positif, à l’estime de soi et à un comportement social assuré, même si tout cela découle d’un sentiment de puissance et d’assurance. Être capable d’assumer ouvertement ses erreurs, reconnaître les capacités des autres, savoir exprimer des félicitations (envers soi-même ou d’autres personnes), avoir l’esprit critique, se forger une opinion de manière indépendante et sans se faire influencer, défendre ses propres valeurs, faire face avec courage aux difficultés et rester authentique, y compris dans les situations difficiles, tout cela s’apprend. Mais cet apprentissage semble être plus facile pour les enfants qui ne craignent rien que pour les adultes qui ont tendance à développer des peurs.
Dans un monde où 4,8 milliards de personnes utilisent les réseaux sociaux, «partagent et likent» 3,5 milliards de fois par jour et téléchargent près de 95 millions de photos (et ce, uniquement sur Instagram) et où les 10 plus grands influenceurs ont chacun plus d’abonnés que l’ensemble de la population européenne, il n’est pas étonnant de constater que l’image de soi et la manière dont nous percevons les autres déterminent en grande partie nos propres actions. Paraître assuré semble de plus en plus devenir synonyme de confiance en soi.
Ma plus grande force est de connaître mes faiblesses et d’être en mesure d’en identifier de nouvelles.
Je travaille dessus et je m’accepte comme je suis. Je ne veux pas être quelqu’un d’autre ou poursuivre un quelconque idéal. Avoir conscience de mes forces m’aide énormément à ne pas perdre mes objectifs de vue et à ne pas devenir l’ombre d’autres personnes.
Je constate de plus en plus souvent que les personnes sont capables de citer très rapidement leurs forces, mais que pour les faiblesses, elles choisissent leurs mots avec soin afin de les présenter de manière avantageuse ou même de les minimiser. En cas de maladie par exemple, une conscience saine de soi aide à décrire ses symptômes et à évaluer sa douleur et, de manière plus générale, à rendre compte de choses que nous sommes les seuls à pouvoir évaluer.
Même si le cancer s’est attaqué à mon corps, ma confiance en moi reste intacte. Que ce soit en remettant en question les avis des médecins, en demandant des seconds avis et en discutant avec les médecins ou en participant activant à ma guérison, je ne me suis jamais contentée d’être une spectatrice de ma vie. L’inaction, le contrôle de personnes extérieures et la passivité sont mes plus grands ennemis. Je n’ai pas de nouvelle recette miracle pour renforcer sa confiance en soi que celles déjà prodiguées par les magazines, les Reels ou les citations psychologiques, mais je les cautionne toutes, tant qu’elles permettent de mieux se connaître.
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