40 ans, et alors!

Aujourd’hui, j’ai 40 ans et j’ai accumulé un large éventail d’expériences chaotiques, parfois douloureuses, mais aussi amusantes que j’ai décidé de partager avec vous cette année. Mes textes abordent tous les sujets allant de la sombre époque du body-shaming à la découverte de l'amour de soi en passant par la maternité et les premiers cheveux gris.

Bonne lecture, femmes merveilleuses!

Je viens de fêter mes quarante ans: qu’il l’eut cru? Cette question peut paraître étrange, mais elle ne l’est pas pour moi. Pendant longtemps, j’ai en effet évincé l’idée que moi aussi je vieillissais. Jusqu’à récemment, la quarantaine me paraissait encore très éloignée. Pour moi, la quarantaine était l’âge des cheveux gris que l’on ne teint plus, des Birkenstock que l’on porte aussi pour sortir, des hommes qui ne sont plus aussi intéressants et des soirées calmes qui remplacent le stress des rendez-vous amoureux.

J’étais absolument convaincue que je ne correspondrais jamais à ces clichés. (C’est ce que je pensais également de tous les clichés liés à la maternité.) Ce qu’il y a de plus amusant concernant ces clichés affligeants, c’est que je finis toujours par adopter ces comportements que je trouvais ridicules et que je le vis en fait très bien. Voilà qui nous amène au sujet des cheveux gris. Depuis quelque temps, je ne me teins plus les cheveux. Mes Birkenstock? Elles adorent nos promenades au grand air. Mais le sujet le plus passionnant, ce sont les hommes - en tout cas pour vous. Pour ma part, j’ai là aussi cédé à ce grand cliché: actuellement, mon intérêt pour mes congénères masculins est assez limité.

Au début, ce nouveau moi calme et décontracté me déconcertait quelque peu. Mais où était passé mon dynamisme débordant? Auparavant, lorsque j’avais la vingtaine, j’avais parfois des baisses d'énergie où je me suffisais à moi-même, mais après quelques SMS torrides suivis de regards aguicheurs, je redevenais la Silvia dynamique que rien n’arrêtait et qui avait des projets plein la tête. A quoi ressemblait une journée parfaite à cette époque? Boire un café en ville dans un café branché, renoncer à prendre la part de gâteau qui allait avec, papoter longuement entre filles, décrypter des SMS, se plaindre de ces parties de nos corps qui n'étaient pas parfaites. Ensuite, rentrer à la maison, ingérer le moins de calories possible, enfiler une robe un poil trop serrée et glisser les pieds dans des chaussures pas très confortables pour retrouver des amis quelque part à 23h00.

La soirée était réussie si entre les lumières clignotantes, la fumée de cigarette (oui, cela remonte à loin...) et un campari, un flirt inattendu se présentait à moi. Et la soirée était encore plus parfaite lorsque mon meilleur ami homosexuel et affreusement honnête constatait avec plaisir que j’avais l’air incroyablement mince après m’avoir longuement toisée! Libre à vous de me trouver superficielle, mais pour ma défense, je tiens à préciser que je suis une enfant des années 1980 et que le Body Positivity et l’estime de soi n'étaient pas des concepts connus et ne correspondaient d’ailleurs pas à l’esprit de l’époque. Au contraire: les effets de la vague du fitness des années1990 persistaient et il fallait absolument suivre un régime faible en matière grasse ou celui des groupes sanguins (nous ne savions jamais vraiment lequel choisir). Le principal étant en fait d'adopter une diète stricte. Si l’on refusait de se soumettre à ces dictats, il ne fallait pas s'étonner que notre chéri perde tout intérêt pour nous. Il fallait donc faire des efforts pour ne pas être responsable de son propre malheur. Tout autre comportement était considéré comme du laisser-aller, un péché mortel dans les années 1990.

Cela remonte à loin. Aujourd'hui, j’ai l’impression d’être une autre personne et c’est tout à fait passionnant. J’ai constaté que j’étais plus mature à ce magnifique petit exemple: il était tard et je voulais me brosser les dents. C'est alors que j'ai découvert quelques nouvelles mèches grises dans ma crinière. Je passais les doigts dans une mèche de cheveux et, tout à coup, je me suis arrêtée. Dans le miroir, j'ai vu un bras enveloppé dans ma chemise de nuit en soie préférée. Pendant que mes doigts glissaient à travers les mèches argentées, j’ai également vu le bord en dentelle de ma robe de chambre bleu nuit que je portais sur ma robe de nuit. Et vous savez quoi? Cette image composée de soie, de dentelle, de ma main et de cheveux argentés était pour moi comme une œuvre d’art. Pour moi, ce simple instantané reflétait magnifiquement mes expériences, ma force et mon âge. J’ai fixé cette image dans mon esprit et je l'invoque encore de temps en temps. Cela m’emplit de satisfaction et me donne le sentiment d’être enfin moi-même.

JE SUIS FIÈRE DE MES RIDES. ELLES SONT LA VIE DE MON VISAGE

-BRIGITTE BARDOT-

Cela fait du bien de savoir que les injonctions ont cédé la place à la liberté de suivre ses envies. La pression de la jeunesse a disparu. Ne reste plus que l’expérience et une nouvelle version de moi émerge tout doucement - plus âgée et moins surprenante, mais épanouie. J’ai aimé toutes les périodes de ma vie, mais la vie est tout de même plus facile lorsqu’on s’aime et qu’on se sent épanouie.

Aujourd'hui, je suis le résultat de mon enfance (pas si facile), de ma jeunesse mouvementée, des nombreux obstacles que j’ai rencontrés et des moments fantastiques que j’ai vécus en tant que jeune adulte et de mes premières années (sans sommeil) en tant que mère. Je suis la somme de toutes ces périodes de vie et expériences et aujourd’hui je m’accepte mieux, je suis plus calme et plus décontractée. Je suis devenue la femme qui aime rester à la maison le soir et qui écrit des textes dans sa chemise de nuit en soie.

Peut-être que cette phase (plus aussi mouvementée) ne durera pas, mais peut-être aussi qu’elle m’accompagnera un certain temps. Quoi qu'il en soit: je l’apprécie beaucoup, tout comme j’apprécie ma propre compagnie.